Piqûre de rappel
Du 17 mars 2020 au 30 juin 2021
17 mars 2020, premier jour du premier confinement. Un jour de fête sans fête. A cette date, j’ai entrepris d’empiler le quotidien (journaux) pour en faire des mois. Je suis lecteur et collagiste. Six mètres carrés, un panneau d’affichage, un fonds d’affiches publicitaires collées pour le support. Entre les quotidiens imprimés et cette surface, je me suis imposé un travail de Sisyphe. Bien loin de m’infliger un châtiment, c’est la signification qui m’intéresse. A juste titre, ce sont les chapeaux des articles faisant référence à la covid19 qui ont retenu mon attention. Je lis, je feuillette, je découpe et j’accumule ces morceaux du quotidien. Je dépèce sans être couteau. Je taille et je colle. Trente deux heures passées à classer, à tourner les pages une par une, à séparer les titres des articles, puis à les coller un par un sur cette étendue. Au fur et à mesure de l’avancement, je photographie ce canevas de mots imprimés tissant une géographie partielle du monde. Parfois une pluie sévère m’offre une récompense inattendue. Le travail réalisé devient tout à coup transparent et révèle la « toile » qui sert de support aux bandes assemblées. Fin octobre 2020, la surface du panneau n’est pas entièrement recouverte ! Le travail réalisé en extérieur est laissé à l’abandon pour quatre mois. La pluie et le vent lutteront mot à mot plutôt que pied à pied pendant cette pause hivernale imposée. Le nouveau confinement vient à ma rescousse. Je continue à entasser le quotidien pour opérer à nouveau dès le début mars de la nouvelle année. Fin juin, les six mètres carrés sont recouverts.
Patrice Monchy – 2021