2019 - Seulement voilà
Seulement voilà.
Je suis dans la merde. L’automne est arrivé trop vite et me laisse avec une récolte de pommes à cidre sur les bras. Cette année, qu’est-ce qu’ils ont donné mes pommiers ! Il a plu au bon moment. Les fruits sont tombés sur le tapis d’herbe préparé depuis la fin août. Six pommiers plantés il y a 20 ans, dix années de production. C’est du passé. Cela tombe bien et mal. Bien, le cidre était devenu une piquette. J’ai balancé les trois dernières années. Je me suis emmerdé à embouteiller des dizaines de litres dans le froid et les courants d’air. Mal, vingt ans de taille, dix de récolte. Et moi qui pensais… pensais quoi. Que l’aventure n’allait pas s’arrêter ! Je dis bien aventure. Planter les arbres, les voir fleurir au printemps d’année en année, en prendre soin, m'enorgueillir de leur générosité, de leur prodigalité. C’est la déesse Pomone en pleine activité tout bonnement. Conséquence, une tonne de fruits, deux tonnes d’emmerdes. A qui les donner maintenant vu qu’il y en a de moins en moins qui presse des pommes. Et après, les années suivantes, stocker une telle quantité. Je vais saturer. Non, une seule solution, abattre les pommiers. Les abattre après la floraison, les abeilles en ont besoin. Commencer par en couper deux par exemple. Etrange situation que de défaire, vaincu, naturellement, par le temps… Plus d’arbres, plus de pommes. C’est Pomone qui va être déçue.
Patrice Monchy, le 6 novembre 2019