2016 - Plus ou moins 1300c, Marguerite Duras
Duras
Juillet 1966, 1967, la colonie. Je me souviens de la gare de Bréauté. Je ne me souviens pas de la gare d’Austerlitz. Je me souviens de l’arrivée tôt le matin à Ste Foy la Grande et des cars Bion nous déposant à l’école. Je me souviens que nous n’avions pas des noms de plume mais des surnoms : Coccinelle, Brazza, Hugo… Je me souviens, d’eux « les enfants », les colons. Mais aucun d’entre eux ne s’appelait « Ernesto » « avec les yeux bleus et les cheveux noirs ». Je me souviens des jeux improvisés « sans passer des journées entières dans les arbres », des siestes imposées, de la semaine de camping et des chants à la veillée. Je me souviens des palombières, des fours à pruneaux, de la moisson chez Mimi la cuisinière, de la cave à vin et de la pêche aux écrevisses la nuit dans la nivelle ; c’était « notre monde extérieur ». Je me souviens du foirail et ses joueurs de boules, des trois rues parallèles baignées de soleil et du château des Ducs qui surplombe la plaine. Je me souviens ni de « la pluie d’été », ni d’avoir traversé la commune de Pardaillan. Je me souviens de la place et du coiffeur qui tenait le café où l’on se réunissait jusqu’à tard dans la nuit bien « après dix heures du soir en été ».Je me souviens du bal et des pasos doble. Je me souviens qu’elle s’appelait Marguerite.
Patrice Monchy.