2016 - Le voyage imaginaire
Photographies, texte > Patrice Monchy.
Tout voyageur qui entre dans ce royaume est averti. Une grande enseigne à l'intention des visiteurs indique qu'ils sont les bienvenus dans " le royaume sans ". A l'hostellerie, le routard est mis au courant des différentes manifestations " sans ". La plus bizarre est celle-ci. Il y a de nombreuses années, l’Empereur a reçu un personnage des plus étranges qui est arrivé avec un miroir en forme de papillon. Depuis ce jour le papillon traverse la ville dans un sens tous les matins au lever du soleil. Au retour, il est recouvert de pastilles autocollantes colorées. La comptine « l’Empereur, sa femme et le petit prince » a été imposée comme hymne national. La couleur du jour et un vers diffusé donnent le jour de la semaine. Aujourd'hui samedi, jour de son arrivée, c’est bleu foncé, et " puisque c'est ainsi..." a été propagé.
Le voyageur attend avec impatience le lendemain pour apercevoir le vol du papillon. Fatigué par le trajet, il s’est endormi. Il est réveillé par le son des hauts parleurs situés sur la façade de l'hostellerie " nous reviendrons". Il consulte sa montre et constate que nous sommes bien dimanche. Un dimanche bleu ciel.
Le jour suivant, il s’est levé de très bonne heure, afin de ne pas manquer le spectacle. Le papillon traverse comme prévu la place centrale. Au retour, il est habillé de ces petits autocollants pareils à des écailles. Cette fois-ci ils sont roses.
C’est le jour où le roi et sa famille rendent visite au mystérieux invité. Attendez quelques minutes et vous aurez l'indication sonore du déplacement princier lui dit l’aubergiste. "l'empereur, sa femme et le petit prince" résonne. Nous sommes bien lundi.
Le mardi est rouge et c’est « sont venus chez moi » qui est retransmis.
Notre globe-trotteur est curieux mais pas fouineur. Il souhaite résoudre ce mystère.
Mercredi, il joue au détective. Laisse de l’avance au papillon qui disparaît derrière le mur d’une grande bâtisse. Malheureusement, il n’est pas assez rapide. Le « me serrer la pince » résonne dans les ruelles. Mercredi, c’est l’orange qui domine sur ses ailes.
Jeudi, même stratagème que la veille. Arrivé auprès de la porte de l’édifice, le visiteur est arrêté par quatre gardes impassibles. Impossible de pénétrer dans cette cour pour observer le manège. Il constate que le jour est de couleur jaune. et le « comme j’étais parti » est émis comme un pied de nez au curieux qui est surpris.
Reste le vendredi. Il a passé la nuit de jeudi, dans son rêve, à poursuivre avec un filet à papillons son journal de bord imaginaire. C’est le vent s’engouffrant dans sa chambre qui le réveille. Au petit déjeuner, l’aubergiste lui fait comprendre que personne n’a encore découvert le mystère de cette fantaisie. Au moment de quitter ce « royaume sans », en guise de au revoir, le patron de l’hôtel lui dit « le petit prince a dit » et c’est le vert qui accompagne son retour.
Patrice Monchy, le 9 mars 2016